Présentation du propriétaire
Je m’appelle Cécile Benoit, je suis née et j’ai vécu à Paris jusqu’à l’ouverture de ma chambre d’hôtes à Dienne dans le Cantal.
Je suis une vraie Parisienne ! J’ai toujours vécu sur Paris ou en banlieue. Je suis également la maman de trois enfants : deux garçons et une fille.
Avant d’ouvrir ma maison d’hôtes, « Monts et délices », je travaillais dans un lycée où j’étais enseignante. Une opportunité due à la réforme des retraites s’est présentée. Je l’ai saisie et à 45 ans, j’ai décidé de changer de vie !
Comment avez-vous décidé d’ouvrir votre maison d’hôtes et pourquoi ici, à Dienne dans le Cantal ?
Dienne c’est un attachement de cœur ! J’y viens en vacances depuis toujours !
La première fois que je suis venue, j’avais 3 mois et depuis je suis venue tous les étés. Ma mère est originaire de Dienne, elle est « montée à Paris » pour le travail comme beaucoup d’Auvergnats.
Chaque année je passais les deux mois des vacances d’été, voire trois mois lorsque j’étais à la fac, dans le Cantal à Dienne. À l’époque, je n’avais pas le permis de conduire, alors je parcourais les chemins autour du village dès que je le pouvais. Quelques fois, je m’allongeais dans l’herbe au sommet des montagnes pour écouter de la musique avec mon walkman.
Lorsque l’opportunité de prendre ma retraite d’enseignante s’est présentée, j’ai beaucoup réfléchi. La réforme permettait de prendre une retraite anticipée pour les femmes ayant eu 3 enfants. Je ne me voyais pas à 65 ans donner des cours à des jeunes avec qui j’aurais 3 générations d’écart. Ça a été le déclic ! J’ai décidé de changer de vie et de travailler à Dienne.
Pour travailler ici, je ne voyais que deux options : l’agriculture ou le tourisme ! Naturellement je me suis tournée vers le tourisme, sourit Cecile Benoit. J’ai choisi de créer une maison d’hôtes plutôt qu’un gîte parce que je voulais un vrai contact avec mes hôtes. Je me suis donc lancée à la recherche d’une maison sur Dienne pour faire découvrir le Cantal et partager avec mes futurs hôtes.
Quelles ont été les grandes étapes de votre projet ?
Le choix de la maison
Dans un premier temps, avec Jacques mon compagnon, nous avons cherché une maison. La maison familiale était trop petite et ne convenait pas pour mon projet de maison d’hôtes.
Ma tante m’a indiqué une maison à vendre dans le village. Mon premier réflexe a été de lui dire : « Oui, mais je ne l’aime pas. » C’était une des rares maisons crépies du village et moi je voulais une maison typique avec de belles pierres. J’avais vu cette maison uniquement de la route, soit le côté de la maison exposée plein nord. La façade et le pignon n’avaient que peu d’ouverture en raison de leur orientation. Je voyais cette maison comme un cube avec peu d’attrait.
À la fin de l’été avant de retourner en région parisienne, pour ne pas avoir de regret et sur le conseil de mes cousins, nous avons décidé d’aller la voir…
Dès l’entrée dans le jardin, j’ai trouvé la vue superbe ! Puis lorsque nous sommes entrés dans la maison, nous avons été de surprise en surprise. Nous avons découvert des pièces lumineuses avec une hauteur sous plafond impressionnante de 3 m 40 et de grandes fenêtres donnant sur le jardin et sa vue. Cette architecture, assez rare dans le département, vient du fait qu’il s’agit d’une maison de maître et non d’une maison traditionnelle.
J’aurais préféré acheter une maison avec de belles pierres apparentes, mais j’adore la lumière et j’ai eu un coup de cœur pour cette maison et sa vue.
Les travaux dans la maison
Afin de ne pas perturber la scolarité de mes enfants qui n’étaient pas encore dans le secondaire, nous n’avons pas quitté Paris pendant les travaux de rénovation et d’aménagement de la maison. Nous n’avons emménagé dans le Cantal qu’au dernier moment, pour que mon fils ainé puisse passer son bac sans changer d’école.
Les travaux ont duré 18 mois, durant lesquels je faisais des allers-retours entre Dienne et Paris afin de suivre l’avancement du projet. Pour réaliser les travaux, nous avons fait appel à des entreprises et à des artisans locaux, surtout pour le gros œuvre. Nous avons refait toute l’électricité, la plomberie et l’isolation de la maison…
Nous n’avons pas tout changé dans la maison ! Nous avons conservé la disposition des pièces du rez-de-chaussée et du premier étage, sauf pour la chambre Mozart dans laquelle nous avons ouvert une cloison pour créer une salle de bains. Les sols en carreaux de ciment du rez-de-chaussée sont également d’origine.
En revanche, au deuxième étage, nous avons fait beaucoup de travaux. Quand nous avons acheté la maison, cet étage se composait de quatre petites chambres et un point d’eau. Il y avait du lambris partout… Nous avons tout cassé, tout isolé pour créer deux grandes chambres, la chambre Télécaster et la chambre Cabrette.
On a investi autant d’argent dans les travaux que dans l’achat de la maison. Au départ, la maison comptait 8 chambres et il n’y avait qu’une seule salle d’eau et un w.c.. Aujourd’hui, il y a 4 chambres avec chacune leur salle d’eau et w.c. et l’espace commun du rez-de-chaussée est composé de l’espace salon-salle à manger et de la cuisine.
La décoration
C’est moi qui ai tout choisi : du papier peint jusqu’aux interrupteurs de chaque pièce. J’adore la décoration, c’est une passion pour moi !
« J’aime la décoration, j’aime m’approprier une maison ! »
Le fait d’habiter encore sur Paris et de revenir sur le chantier régulièrement m’a beaucoup aidée pour rassembler les éléments de décoration que je souhaitais installer dans ma maison d’hôtes. J’ai beaucoup prospecté sur Paris pour trouver les éléments que je n’avais pu trouver sur place : comme les interrupteurs de la chambre Mozart, de l’escalier ou de la chambre Cabrette qui sont des répliques de ceux que mon électricien a enlevés. Ce sont les mêmes, mais en neuf !
Jacques et moi avons participé aux travaux de décoration comme le ponçage des parquets, la pose de papier peint, la peinture des boiseries…
Les travaux tant au niveau du gros œuvre que de la décoration auront duré 18 mois. Les artisans ayant dû faire une pause de 3 ou 4 mois à cause des températures très négatives qu’il a fait pendant l’hiver des travaux. Donc en réalité il aura fallu 13-14 mois de travaux effectifs.
Votre plaisir au quotidien
J’ai choisi de créer une maison d’hôtes et de faire également table d’hôtes pour m’ouvrir aux autres. J’avais envie de partager sur plein de sujets différents, d’apprendre des choses grâce aux personnes qui viendraient séjourner chez moi.
« J’aime partager sur tous les sujets, c’est très enrichissant ! Nous apprenons beaucoup des divers voyages de nos hôtes. »
J’aime que les gens se sentent bien ici. Mes chambres sont spacieuses et j’ai pris soin de les décorer avec des ambiances très différentes pour qu’elles plaisent à un maximum de personnes. J’ai pensé le salon comme un lieu de vie et de rencontre, pour que les gens en profitent un maximum. De même pour la terrasse et l’espace bien-être. Je veux que ma maison d’hôtes soit une maison vivante.
Les gens me disent souvent : « On est comme chez des amis » ou « on se sent comme chez soi ». C’est une belle récompense pour moi.
Nous faisons également évoluer la décoration de la maison. On ajoute quelques éléments comme des tableaux, des lampes, des sculptures…
La table d’hôtes, le soir, est pour moi un moment particulier. C’est l’endroit où tout le monde se retrouve après une journée de découvertes et de visites. C’est un moment que j’apprécie vraiment, car il nous permet d’échanger ensemble sur le ressenti des hôtes sur le département. Savoir comment ils l’ont perçu… Bien sûr, je ne suis pas intrusive, mais j’apprécie de partager avec eux autour du repas.
J’en profite aussi pour leur conseiller des lieux à visiter pour qu’ils me donnent leur avis sur des endroits dépaysants que le Cantal propose et que j’affectionne. Quelques fois, c’est eux qui m’apprennent des nouveautés, comme des activités ou ils me parlent de restaurants qu’ils ont testés.
J’ajoute cela à mon petit carnet de « bons plans ».
Votre table d’hôtes
Nous faisons la table d’hôtes tous les soirs. J’utilise un maximum de produits bio et locaux pour ma cuisine. J’aime les bons produits, les cuisiner et quelques fois inventer des recettes : des produits de chez nous avec un parfum ou une façon de les cuisiner différents.
Il n’y a pas d’option dans le menu. Pour que les repas soient les plus conviviaux possible, je fais un tarif tout compris. C’est-à-dire que nous commençons tous ensemble à l’apéritif, buvons du vin auvergnat au cours du repas, pour ceux qui le souhaitent et finissons ensemble par un café, un thé ou une infusion.
Je tiens bien sûr compte des habitudes alimentaires de mes hôtes, de leurs éventuels régimes particuliers (sans lactose, sans viande, sans gluten…). Je tiens à favoriser la convivialité et le partage entre chacun des convives.
Beaucoup nous disent : « Vous faites table d’hôtes tous les soirs, mais vous n’avez pas envie ne serait ce qu’un ou deux soirs par semaine d’arrêter pour profiter de votre soirée ? »
Et Jacques leur répond, amusé : « Mais nous aussi, on mange tous les jours ! »
Je n’avais pas envie d’une maison d’hôtes qui soit un hôtel. Je voulais vraiment partager avec mes hôtes, et pour ça, le moment le plus propice, c’est autour d’un repas, on a beaucoup plus de temps. C’est pour ça que je fais table d’hôtes et tous les soirs !
Votre activité touristique aujourd’hui
Je vis pleinement ma nouvelle activité en tant que propriétaire de maison d’hôtes. Elle m’apporte beaucoup de bonheur ! Je n’ai aucun regret d’avoir quitté Paris ni mon poste d’enseignante pour travailler à Dienne et au contact des touristes.
À certaines périodes de l’année, souvent l’été, lorsque ma maison d’hôtes est complète, il y a beaucoup d’animation… Nous découvrons alors que les gens s’entendent facilement et nous partageons des fous rires qui durent toute la soirée.
D’année en année, nous avons des séjours de plus en plus longs. Cette année par exemple, nous avons eu trois séjours de plus de 10 jours et plusieurs de 5 jours à une semaine. Ces longs séjours sont particulièrement agréables, car ils nous permettent de créer des liens forts avec nos hôtes et parfois des amitiés.
Une anecdote
Nous avions un couple d’Allemands qui séjournait dans notre maison d’hôtes. Ils parlaient très bien français et avaient réservé pour 8 jours.
C’était notre premier été et la première fois que nous avions un aussi long séjour et j’ai adapté les repas de ma table d’hôtes pour qu’ils soient tous différents. Chaque matin, au petit déjeuner, je m’efforçais également de leur proposer de la charcuterie différente : c’était devenu un jeu.
Ce long séjour nous a permis de partager d’excellents moments avec eux. Nous nous sommes habitués à les avoir à notre table chaque soir. Comme d’habitude un soir en cuisinant j’ai repensé à une anecdote et je me suis donc rendue à table pour la partager, mais le couple d’Allemands n’y était plus. Sur le coup, je me suis demandée où était passé le couple d’Allemands. Ils étaient partis le matin même et un nouveau couple était arrivé et leur avaient succédés dans la chambre…
Cette année, nous avons eu aussi des cousines allemandes, de plus de 75 ans qui sont restées quelques jours et avec lesquelles nous pouvions partager des moments plus « intimes ».
Une de vos plus belles rencontres
Il y a deux ans, nous avons reçu un couple de Belges pour un séjour d’une semaine. Le monsieur, âgé de 84 ans, faisait du cyclotourisme. Il était membre du club des 100 cols. Pour accéder à ce club, il faut prouver qu’on a fait l’ascension d’au moins 100 cols à vélo en se prenant en photo au sommet du col.
Il venait dans le Cantal pour agrandir son palmarès et franchir tous les cols du département. Il avait planifié tous ses circuits à l’avance pour optimiser son séjour.
Sa femme l’accompagnait, mais ne faisait pas de vélo et ne voulait pas conduire pendant son séjour trouvant les routes du département trop étroites. Dienne est un petit village et à part faire de la randonnée, il n’y a pas vraiment de sortie à faire à pied… je me suis donc demandée comment elle allait s’occuper pendant leur semaine de vacances. J’avais peur qu’elle s’ennuie !
Dès le premier jour, elle m’a demandé si elle pouvait aller s’occuper du jardin ou si elle pouvait m’aider. Du coup, je lui ai proposé de m’aider à préparer les fruits pour mes confitures : rhubarbe, fraise… Dès que je commençais à faire des confitures, elle venait m’aider.
Elle a apprécié son séjour chez nous en participant à la vie dans notre maison d’hôtes.
Je me suis liée d’amitié avec cette petite mamie qui était vraiment très gentille et à qui j’envoie mes vœux tous les ans.
Les Gîtes de France et vous
Lorsque je me suis renseignée pour prendre un label et pour monter un dossier de subvention, je me suis tournée naturellement vers « Fleurs de Soleil » qui était un label spécialisé dans les chambres d’hôtes. Mais après quelques contacts, je n’ai pas obtenu les réponses que j’attendais. J’avais besoin d’un suivi réactif pour avancer dans mon projet. Sur les conseils d’un ami, j’ai pris contact avec Gîtes de France à l’agence d’Aurillac.
Carole, la technicienne des Gîtes de France, a tout de suite pris en compte ma demande. Elle m’a aidée à monter mon dossier de subvention et elle est venue sur place avant le début des travaux. Elle m’a donné les informations sur les équipements nécessaires pour le classement en épis Gîtes de France puis est revenue une fois le projet fini.
Elle m’a invitée à plusieurs formations, dont une de décoration réalisée dans un gite situé à Thiézac que j’ai beaucoup appréciée.
Aujourd’hui, le label Gîtes de France assure un gage de qualité à mes clients et c’est important. Les clients sont rassurés sur l’existence de la maison d’hôtes grâce aux contrôles de Gîtes de France et par la qualité qu’ils vont y trouver grâce au classement en épis.
De plus, les propriétaires bénéficient d’un suivi et de conseils. Lors des différentes visites des techniciennes, chacune d’elle apporte un regard nouveau sur mes chambres d’hôtes et me donne des conseils ou des astuces qui me permettent d’améliorer ma déco… Avoir un avis extérieur est toujours bon à prendre !
L’agence Gîtes de France Cantal propose aussi aux propriétaires de suivre des formations : décoration, fiscalité, réseaux sociaux… C’est un plus !
Vous avez déjà un projet en cours pour aller plus loin encore. Pouvez-vous nous en parler ?
En effet, nous avons deux projets. Un en cours et un que nous souhaitons mettre en place bientôt. Le premier projet est un projet d’agrandissement pour créer un hébergement entre le gîte et la chambre d’hôtes. Nous avons reçu des personnes qui recherchaient une sorte d’hébergement hybride, qui voulaient le confort de la chambre d’hôtes avec la proximité des propriétaires, mais qui, en même temps, souhaitaient plus d’indépendance.
Notre idée pour répondre à cette demande est de créer un gîte qui accepterait n’importe quel séjour à partir de 4 nuits avec le confort de la chambre d’hôtes : lits faits à l’arrivée… Nous souhaitons créer un gîte qui serait flexible au niveau des dates de location et qui offrirait des prestations similaires à une maison d’hôtes : ménage, lits faits à l’arrivée…
Ce projet est en cours, nous sommes en train de rénover une maison juste à côté de notre maison d’hôtes afin de pouvoir nous en occuper facilement.
Pour notre deuxième projet, il s’agit d’améliorations pour notre maison d’hôtes.
Nous avons déjà créé un espace bien-être équipé d’un spa et d’un sauna. Nous allons l’améliorer en installant un sanitaire et une douche.
Nous avons aménagé un espace pour recevoir les motos et nous avons un petit local qui nous permet de proposer à la location des VTT à assistance électrique.
Nous ajoutons aussi des éléments de décoration au fil de nos découvertes : tableau, sculpture…
La maison est vivante et j’adore cela.
Je ne regrette pas du tout cette nouvelle phase de ma vie qui m’apporte plein de joie. Les rencontres apportent toujours beaucoup de moments magiques…. Et je souhaite que cela continue encore longtemps.